La Musique de l'au-delà


Rosemary Brown, qui venait de perdre son mari, se débattait contre la misère pour élever son jeune fils et sa fille. Depuis son enfance, elle avait des dons de médium et se rappelait qu'un homme âgé lui avait dit qu'un jour d'autres grands compositeurs et lui-même lui feraient don d'une musique magnifique et lui apprendraient à la jouer.

Des années plus tard, elle tomba sur un portrait de Franz Liszt (ci-dessus), et reconnut en lui son mystérieux visiteur. En 1964 Rosemary Brown se mit à écrire de la musique - non pas des airs simples, mais des airs bien élaborés dans le style de Liszt, de Chopin, Debussy, Rachmaninov, Brahms, Bach et Beethoven. La plupart de ces oeuvres sont des pièces pour piano, mais certaines sont des oeuvres pour orchestre. N'ayant pris que quelques leçons de piano, elle trouve certaines des pièces pour piano trop difficiles pour les jouer elle-même. Un disque intitulé "Musique de Rosemary Brown" sortit en 1970. Sur une face, on y trouve les pièces simples jouées par Mme Brown elle-même ; sur l'autre face, le célèbre pianiste Peter Katin joue les oeuvres plus complètes.

Quelqu'un qui a observé Rosemary Brown au moment ou elle écrivait sa musique a été stupéfait par la vitesse à laquelle elle opère. Elle prétend que la musique a déjà été composée quand elle lui est dictée. Certains compositeurs communiquent avec elle en anglais, mais, dit-elle, "Liszt a tendance à s'exprimer dans un flot d'allemand lorsqu'il s'emporte - ou en français". Le français que le médium a appris à l'école est à peine suffisant pour lui permettre de comprendre les compositeurs qui s'expriment en français. Quand Chopin (ci-dessous)parle polonais, elle essaie d'écrire phonétiquement ce qu'il dit et elle demande à un ami polonais de tenter de le traduire.

Comme on pouvait s'y attendre, la réaction du monde de la musique a été mitigée. De nombreux musiciens ont été très impressionnés par les oeuvres de Rosemary Brown : la pianiste Hepzibah Menuhin a déclaré : "Je considère ces manuscrits, avec un immense respect. Chaque pièce est manifestement dans le style du compositeur." Le compositeur Richard Rodney Bennet a été encore plus net : "Bien des gens pensent improviser, mais on ne peut improviser une musique comme celle-là sans des années de pratique. Moi-même je n'aurais pu improviser du Beethoven (ci-dessous)."

Certains critiques, par contre, ont trouvé la musique "inférieure au meilleur" dont les compositeurs étaient capables, et ressemblant plus souvent à leurs premières oeuvres qu'à celles qu'ils produisirent dans leur pleine maturité. Les spiritistes répliquent que la raison d'être de la communication n'est pas tellement d'ajouter quelque chose au trésor musical du monde que de donner la preuve de la survie. Une introduction au disque, supposée dictée par le musicologue défunt Sir Donald Tovey, exprimait le point de vue suivant :

"En entrant en communication par l'intermédiaire de la musique et de la conversation, un groupe organisé de musiciens, qui ont quitté votre monde, tentent d'établir un enseignement pour l'humanité, à savoir que la mort physique est une transition entre un état conscient et un état dans lequel chacun garde son individualité. Nous ne transmettons pas de la musique à Rosemary Brown simplement pour vous offrir le plaisir de l'écouter par la suite;

ce que nous espérons, c'est que les implications de ce phénomène soulèveront un intérêt considèrable et judicieux et qu'elles inciteront beaucoup de personnes intelligentes et impartiales à considérer et à explorer l'inconnu de l'esprit de l'homme et de son âme. Lorsque l'homme aura sondé les profondeurs mystérieuses de sa conscience voilée, alors il sera capable de sélever d'autant plus haut."