En photo :
En haut : Trajectoire de l'objet (Arrivée & Départ)
En bas : Croquis de l'appareil et reconstitution
Le cas dit des amarantes (1) est un événement exceptionnel survenu en France. Il est remarquable pour deux raisons. D’abord à cause de la condition sociale du témoin, ou plus précisément de sa fonction : il est en effet chercheur en biologie cellulaire. Ensuite pour la durée et la précision de l’observation.
Le 21 novembre 1981 à midi, au centre de la petite ville de Laxou (2) (proche de Nancy), Marc V., trente ans, entretient avec soin -selon son habitude- son minuscule jardin d’agrément. Le ciel bleu est libre de tout nuage. A midi 35, il aperçoit, brillant dans le soleil, un objet volant qui descend tout à coup en direction de son pavillon.
L’objet stoppe sa course au milieu du jardin, à un mètre du sol et à faible distance du témoin (celui-ci, sous l’effet de la surprise, a fait quelques pas en arrière). Cette sustentation va se maintenir de longues minutes.
Dès qu’il est remis de sa surprise, Marc V. s’approche de l’engin inconnu qu’il examine avec attention. L’une des spécificités de son métier étant l’observation, il va en donner une description exceptionnellement précise.
L’objet est circulaire et d’apparence métallique. Son diamètre est d’environ 1 mètre cinquante, son épaisseur de 80 centimètres. Dans ce jardin grand de dix mètres carrés, il parait presque énorme. Faute de pouvoir lui trouver une ressemblance quelconque avec un objet familier, il sera comparé à deux couvercles de lessiveuse plaqués l’un contre l’autre.
Sa partie inférieure comporte un méplat et offre un aspect métallisé rappelant le béryllium aux yeux du témoin. La partie supérieure, également bombée, est de couleur «bleu-vert lagon». La jonction des deux parties est d’un usinage si parfait qu’elles semblent ne former qu’une seule pièce. L’objet parait pesant (dans le rapport de gendarmerie on trouve la phrase «la masse volumétrique me paraissait très lourde»). Un enquêteur du GEPA a tenu à préciser : «On peut signaler que plus le phénomène se rapproche, plus la description et l’évaluation de sa forme est précise, mais également aussi que le discours évolue du familier vers l’inconnu».
Après quelques minutes d’hésitation, Marc V. quitte le jardin pour se saisir d’un appareil photo qu’il sait pourvu d’un film couleur. A son retour, l’objet n’a pas bougé. Mais il essaiera sans succès de prendre une photo, son appareil n’étant pas très fiable.
La sustentation immobile de cette apparition insolite dure 20 minutes. Le témoin a le temps de l’observer sous plusieurs angles et de s’en approcher doucement jusqu’à une cinquantaine de centimètres. Il se penche alors pour regarder le dessous et découvre le méplat qui évoque un peu une base d’appui. L’objet, parfaitement silencieux, ne dégage ni chaleur ni froid.
Monsieur Marc V. ajoutera une autre information qui a paru curieuse à certains. Il a déclaré en effet que l’objet ne dégageait ni magnétisme, ni électromagnétisme : précision un peu surprenante compte tenu des conditions de l’observation. Mais cette précision n’était en fait qu’une réponse à la question posée par un gendarme : «Vous êtes-vous senti attiré par une sorte de magnétisme (3)?
Après vingt longues minutes d’immobilité (4), l’objet s’envole brusquement à la verticale, sans aucun bruit ni sifflement dus à la friction de l’air. Les roses trémières les plus proches, que leur longues tiges rend particulièrement sensibles aux mouvements de l’air, n’ont pas bougé. La vitesse ascensionnelle de l’objet -qui semble «aspiré»- est considérable : «Cet appareil est reparti à une vitesse qui ne correspondait pas à une vitesse... ça ne se mesure pas, c’est l’oeil qui voit ça...»
Au moment du départ, l’herbe qui se trouvait sous l’objet s’est dressée pour retrouver aussitôt après son état normal.
A son retour de la gendarmerie, le soir-même, Monsieur V. constatera que les plants d’amarante qui s’étaient trouvés au voisinage de l’objet avaient subi une déshydratation importante. Les analyses qui en ont été faites n’ont pas permis d’expliquer la cause des dommages constatés, mais les conditions de prélèvement et de conservation ne furent de toute façon pas propices à une étude fiable.
Revenons à la description de l’objet :
Le Béryllium est un métal gris, léger et rare. Sa production est si délicate qu’elle n’est assurées que par trois pays au monde. Cet élément en marge des classification et qui par certaines caractéristiques n’est pas vraiment un métal, est utilisé dans l’astronautique. Ce n’est pas un hasard si le témoin site son nom : il veut donner l’idée d’un matériau rare, beau, et malaisé à décrire.
La couleur «bleu-vert lagon» -Monsieur V. dira aussi : «bleu des mers pacifiques»- peut-être traduite par bleu turquoise (5), mais ce n’est pas si simple car les gendarmes ont noté que le témoin semblait subjugué par la partie supérieure de l’objet qu’il appelle la coque :
«Ce n’était pas lumineux, ce n’était pas une vapeur... Est-ce que c’était du plexiglas ?.. Cette moitié supérieure était de couleur bleu-vert lagon dans son remplissage interne... Ce n’était pas une boue, pas un gel, ça n’était pas un liquide... La couleur n’était pas homogène... C’était un volume translucide... Ça donnait l’impression que quelque chose allait sortir de là-dedans... quelque chose qui n’était pas vivant, mais...».
Le témoin insista sur le fait que l’objet ne comportait aucune trace d’usinage visible et que ses teintes ne correspondaient pas à des couleurs habituelles. Il ajouta qu’il n’était pas vraiment inquiétant car il dégageait une impression de «neutralité absolue».
On aurait tort de considérer -comme cela a été le cas- que cette description est maladroite et contradictoire. Elle est surtout difficile : Marc V. cherche à dépeindre une chose indéfinissable car trop inhabituelle. Cette description est à mes yeux plus précise et plus réussie qu’elle ne paraît, et nous devons nous garder d’essayer de la traduire par d’autres mots. Il est possible de se rapprocher de la réalité dont elle tente de rendre compte en la relisant plusieurs fois à la suite : la fusion des mots qui la composent -sans oublier l’expression neutralité absolue- peut alors aboutir à un concept.
Bien qu’il ne se soit jamais intéressé au phénomène ovni (il n’y avait à l’époque aucun livre sur le sujet chez lui) le témoin n’a pas pu s’empêcher de s’adresser à l’objet pour lui dire «bonjour» en plusieurs langues.
Comparé aux récits imaginaires issus de mon étude X, ce témoignage dégage une très nette impression d’authenticité. Je ne connais -et de loin- pas de description plus précise d’un objet volant non-identifié.
Je suis par ailleurs convaincu que cet objet insolite n’avait d’autre fonction que de se montrer.
(1) L’amarante, dont les fleurs forment des grappes d’un rouge subtil, était consommée régulièrement dans plusieurs pays de l’Amérique précolombienne (il l’est à vrai dire encore aujourd’hui). Elle est aussi connue sous les noms de queue-de-renard ou passe-velours (love-lies-bleeding).
(2) C’est, je crois, la première fois que le nom de la ville est cité. Tenant compte de cette précision et du fait que le témoin ne tient pas à revenir sur cet épisode particulier de sa vie, son prénom et l’initiale de son patronyme sont fictifs (ils sont également fictifs dans les documents présentés sur le Site UFOCOM).
(3) Ce genre de question orientée peut cacher un piège destiné à tester la sincérité du témoin. Ce n’était pas le cas ici.
(4) Cette précision s’explique par le fait que le témoin à l’habitude de mesurer la durée des expériences qu’il mène professionnellement.
(5) Entre les bleus 320 et 327 sur l’échelle Pantonne. Ce qui est évidemment très imprécis.