Le jour où Arnold Paole fut attaqué par un vampire, il savait quelle conduite adopter pour assurer le salut de son âme. Il réussit à suivre la créature jusqu'à sa tombe, lui enfonça un pieu à travers le cœur puis en étala le sang sur son propre corps. Cette nuit de cauchemar passée, il racontait souvent son histoire à qui voulait bien l'entendre, suscitant l'admiration de ses amis villageois. La vie du village s'écoulait paisiblement, jusqu'au jour où Paole fit une chute mortelle. Le pauvre bougre fut enterré au cimetière du village. C'est alors que ledit Paole, comme revenu du royaume des morts, entama une seconde carrière.
Rapidement les habitants du village se plaignirent d'être importunés par le spectre de Paole ; puis on découvrit des cadavres vides de leur sang. Des rumeurs de vampirisme se répandirent si vite que les autorités autrichiennes dépêchèrent sur place un groupe d'officiers, chargés de mener une enquête. Les militaires exhumèrent le corps de Paole et , ce faisant, confirmèrent ce que tout le monde redoutait.
Selon le rapport des officiers, le corps de Paole était "entier et non décomposé... Du sang frais avait coulé des yeux, du nez, de la bouche et des oreilles ; aux mains et aux pieds, les anciens ongles étaient tombés, ainsi que la peau, et de nouveaux ongles et une nouvelle peau avaient poussé. Comme tout cela montrait qu'il était un vampire, il lui enfoncèrent un pieu à travers le cœur... Il émit alors un gémissement audible et saigna abondamment."
Il s'agit là de l'un des nombreux cas de vampirisme extrait d'un rapport établi par l'armée autrichienne vers 1730, sous le titre latin Visum et Repertum ("Vu et découvert"). Ce rapport fait état de plusieurs autres exhumations et "d'épidémies de vampirismes" qui défrayèrent les chroniques locales de ce temps. Bien qu'anciens, ces procès-verbaux en bonne et due forme stipulent que, manifestement, un phénomène frappait ces villageois après leur mort. Vampirisme ? Grâce aux connaissances scientifiques actuelles, on peut en douter