Un incident extraordinaire, qui s'est produit à Bristol, en Angleterre, au petit matin du 9 décembre 1873, peut amener à conclure à la présence d'un trou noir sur terre.
La police avait été appelée à la gare du chemin de fer, ou l'on avait trouvé un couple d'époux tremblants de peur, vêtus seulement de leurs vêtements de nuit. L'homme avait utilisé son revolver. Le couple fut donc arrêté et conduit au poste de police ; le mari, Thomas B.Cumpston, était dans un tel état d'excitation qu'il pouvait à peine s'exprimer ; cependant il ne semblait pas qu'il eût bu, pas plus que sa femme. La police arriva cependant à comprendre leur histoire. Cumpston et son épouse étaient arrivés de Leeds la veille et étaient descendus à l'hôtel Victoria. Au petit matin, le plancher s'étaient brusquement ouvert, et Cumpston avait été entraîné dans l'ouverture. Sa femme, après des efforts déserpérés, avait réussi à le tirer de là. Ils avaient été si terrifiés qu'ils avaient sauté par la fenêtre et s'étaient enfuis vers la gare. Cumpston affirmait qu'il disait la vérité.
A cela Mrs.Cumpston ajouta certains détails. Elle dit qu'ils avaient tout deux entendu dans la soirée des bruits inquiètants, mais que la patronne de l'hôtel les avait rassurés, disant que ce n'était rien. Vers trois ou quatre heures du matin, dit-elle, ils avaient à nouveau entendu les bruits ; ils avaient alors sauté du lit, et senti que le plancher se dérobait sous eux. Ils appelèrent au secours, et leurs cris furent répétés, sans qu'ils sachent si c'était par d'autres voix ou par l'écho de la leur. Puis le plancher s'était ouvert, et ce n'est qu'au prix de grandes difficultés que Mrs. Cumpston avait pu empêcher son mari de disparaître dans l'ouverture.
Lorsque la patronne de l'hôtel fut interrogée, elle confirma avoir entendu des bruits, mais ne fut pas capable de les décrire nettement. La police examina la chambre de l'hôtel, ou elle ne découvrit rien de particulier. Les époux Cumpston persistèrent à penser qu'ils avaient couru un très grand danger, mais ils furent considérés comme les victimes d'une hallucination collective.
Peut-on trouver à cela une explication simple et rationnelle, en arguant que les Cumpston étaient des gens âgés se trouvant dans une ville inconnue et dans des lits autres que les leurs ? Est-il suffisant de dire qu'ils dormaient peut-être dans une mauvaise position, qui gênait la circulation du sang dans les jambes ? Si c'était le cas, en se reveillant brusquement et en sautant sur le plancher avec précipitation, leurs jambes s'étaient peut-être dérobées sous eux, ce qui leur aurait donné l'impression que le plancher bougeait ou avait disparu.
Mais si ce n'était pas la bonne explication ? Ne pourrait-il se faire qu'une des "cavernes" de Bierce (Ambrose Bierce a émis la théorie - fort avancée pour son époque - qu'il y aurait des vides dans le monde visible, de même qu'il existe "des cavernes sur la terre, ou des trous dans un fromage de gruyère". "Dans de semblables cavités, suggère Bierce, il n'existerait absolument rien. La lumière ne pourrait passer à travers, car il n'y aurait rien pour la supporter. Il ne pourrais en sortir aucun son; on ne pourrait rien y ressentir...Un homme enclos dans un tel trou ne pourrait ni voir ni être vu; ni entendre ni être entendu ; ni percevoir ni être perçu; ni vivre ni mourir...) se soit ouverte sous leur chambre ? Les Cumpston ne sont pas les seuls à avoir parlé d'un tel phénomène, dans lequel une force considérable, s'exerçant en général à l'intérieur d'un bâtiment, entraîne une personne. Les témoins doivent alors la retenir avec de grands efforts pour la sauver. Mais l'on n'a pu trouver aucune raison logique à de telles disparitions.