Une Anglaise, Miss J.B., relate le cas d'un fantôme aperçu des années avant l'arrivé de la personne.
" J'étais petite fille et, tout de suite après la guerre de 1914, je vivais dans le Yorkshire avec mes parents, dans une grande et vieille ferme...La cuisine était ma pièce préférée, et j'y passais le plus clair de mon temps à dessiner ou à peindre pendant que notre domestique s'affairait à préparer les repas. Je devais avoir six ans lorsque je vis mon "fantôme". Elle était maigre et pâle, avec de longs cheveux noirs noués en chignon, et se tenait debout près du fourneau, parlant dans une langue inconnue.
"Sa robe était grise et usée, et ses souliers en mauvais état, mais elle avait une allure distinguée. Quand je parlai à ma mère ey à la servante de la "dame en gris" , elles parurent étonnées, et je pense qu'elles ont cru que je rêvais tout éveillée."
Miss J.B., revit l'apparition, qui pleurait toujours, une année plus tard, et par la suite neuf ou dix fois au cours des années suivantes. "Je ne sais pourquoi, je ne lui ai jamais parlé ; j'avais l'impression qu'elle avait besoin de sympathie, mais que j'étais incapable de l'aider. J'étais alors certaine que c'était un fantôme, mais je n'en avais pas peur. Je pris l'habitude de quitter la cuisine et de la laisser à sa misère."
Miss J.B. à l'âge de 15 ans alla ensuite vivre chez un oncle en Irlande, chez qui elle demeura pendant tout la guerre de 1939-1945. Elle revint dans le Yorkshire en 1945.
"De Leeds, ma mère m'amena en voiture dans la vieille maison ; elle m'expliqua que, celle-ci étant trop grande pour elle depuis le décès de mon père, elle hébergeait une famille de réfugiés polonais - la mère et ses deux petites filles. Le père, dit-elle, avait disparu au cours de l'occupation allemande, et la mère était encore accablée de cette perte. Lorsque j'entrai dans la cuisine, je reconnus - à mon grand étonnement - la "dame en gris" de ma jeunesse, debout près du fourneau et qui pleurait.
"Deux petites filles étaient debout près d'elle, pendues à ses jupes ; à part cela, elle était exactement comme je me la rappelais. Elle essuya ses yeux lorsque nous entrâmes et se força à sourire." Quand elle connut mieux cette femme, Miss J.B tenta de lui parler de sa vision ; mais l'invitée connaissait à peine l'anglais et elle ne put se faire comprendre. "Cependant, comme il me semblait la connaître depuis longtemps, je pense que je fus plus à même de la réconforter et de la rassurer à son arrivée dans son nouveau pays."
Miss J.B pense que la vision qu'elle eut étant enfant n'avais pas été transmise par la Polonaise, dont les malheurs n'arrivèrent que des années après son apparition, "mais par une intelligence bienveillante - Dieu ou le Ciel, comme vous voudrez - , laquelle, sachant ce qui devait arriver, voulait me mettre en sympathie par avance".
Si tel n'était pas le cas, et si la vision n'était pas le fruit de l'immagination de l'enfant, vision qui ressemblait trait pour trait à la Polomnaise, nous serions conduits à penser qu'il y a un autre temps, coexistant avec le temps que nous connaissons, et qu'un moment de l'avenir s'est superposé d'une façon visible à un moment du présent, comme l'a expérimenté la jeune fille. La théorie des systhémes de temps différents est un sujet très complexe et difficile, qui n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage. Mais parfois, il se produit une affaire de fantôme - comme celle de la Polonaise - donnant fortement à penser que l'on peut voir l'avenir